DELVILLE WOOD

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LA LUTTE POUR LA LIBERTE ET LA DEMOCRATIE

EN AFRIQUE DU SUD

LA LUTTE POUR LA LIBERATION PENDANT L'OCCUPATION COLONIALE

A partir de février 1488, lorsque le Portugais Bartolomeu Dias s'est trouvé en présence d'un groupe de Khoikhoi sur la côte de la province sud du Cap, les communautés indigènes africaines n'ont cessé de lutter contre l'autorité des Européens dans ce qui s'appelle aujourd'hui la République d'Afrique du Sud. Les Khoisan et les AmaXhosa ont mené un grand nombre de guerres de résistance contre les colons blancs. Les AmaXhosa furent finalement vaincus en 1878 après cent années de guerres.

Après quarante ans de lutte contre les Boers et les Anglais, les Zoulous furent à leur tour vaincu en 1879 à Ulundi.

Vers 1906, les forces coloniales des Britanniques et des Sud-Africains blancs avaient brisé le pouvoir des communauté noires en Afrique du Sud. Il n'y eut plus de révolte armée importante des Noirs contre la domination des Blancs au cours des 55 années qui suivirent la révolte du Natal en 1906.

LA RESISTANCE DES NOIRS DE 1910 A 1950

L'Union sud-africaine vit le jour en 1910. Dès cette époque, il était devenu clair que la communauté blanche s'apprêtait à ne faire aucun cas des droits des Noirs. Ceux-ci durent trouver de nouveaux moyens de lutte pour recouvrer leurs terres et leur liberté. En 1911, Pixley Ka Isaka Seme exhorta les populations à s'unir au sein d'une organisation unique. Le 8 janvier 1912, le Congrès National Indigère d'Afrique du Sud (SANNC) fut fondé. En 1923, il prit le nom de Congrès National d'Afrique du Sud (ANC).

Jusque dans les Années 40, l'ANC tenta d'atteindre ses objectifs grâce à des action non-violentes telles que des campagnes "anti-pass", des grèves et l'envoi de délégations au gouvernement britannique (Le "pass" était un document d'identité que les populations noires devaient constamment porter sur elles et produire à toute réquisition de la Police). Les Années 40 virent la montée en puissance de jeunes membres de l'ANC, ambitieux et déterminés. la création de la Ligue des Jeunes du Congrès (CYL) allait faire de l'ANC, alors organisme modéré, un mouvement de masse dans les Années 50.

PARTICIPATION DES NOIRS AUX DEUX CONFLITS MONDIAUX

Seuls les hommes blancs avaient le droit de s'enrôler en tant que combattants au sein des Forces de Défense de l'Union (UDF). Au cours des deux guerres mondiales, les Noirs, les Métis et les Indiens d'Afrique du Sud avaient le droit de s'engager volontairement pour servir militairement en tant que non-combattant. Toutefois, deux bataillons du Cape Corps servirent en tant qu'unités combattantes en Afrique Orientale et en Palestine durant la Première Guerre mondiale.

Au terme de la Seconde Guerre mondiale, les soldats noirs, métis et indiens eurent l'espoir de revenir dans une Afrique du Sud différente, dans laquelle la discrimination n'existerait plus. Ils espéraient trouver un emploi, exercer les compétences qu'ils avaient acquises et recevoir une plus ample formation. En fin de compte, déçus et pleins d'amertume, ils rentrèrent chez eux avec une solde de quelques livres Sterling, quelqu'es-uns avec une bicyclette, d'autres avec un jeu d'outils de charpentier et tous avec un simple uniforme kaki.

Soldats du South African Native Military Corps équipés de sagaies à la place de fusils

ACTIONS DE MASSE DANS LES ANNEES CINQUANTE

Après la victoire du Parti National en 1948, le but du nouveau gouvernement fut d'affermir le pouvoir des blancs en général, et celui des Afrikaners en particulier. Il en résulta de nouvelles lois sur l'Apartheid et une application plus stricte de la législation discriminatoire existante. De plus en plus de gens se mirent à se demander si la seule négociation pourrait conduire au changement.

En 1949, l'ANC introduisit le Programme pour l'Action qui conduisit à la Campagne de Désobéissance dans les années 50. Le CYL ainsi que les vétérans noirs y jouèrent un rôle important. Le Gouvernement répondit à la Campagne de Désobéissance en exilant ses chefs et en faisant voter de nouvelles lois destinées à empêcher toute désobéissance publique. La Campagne de Désobéissance réunit l'ANC, l'organsiation des Métis, le Congrès Indien d'Afrique du Sud et le Congrès Libéral blanc des Démocrates au sein du Congrès du Peuple.

Ce dernier appelait le Peuple à gouverner, demandait le partage des terres, des maisons, du travail, la sécurité et une éducation gratuite et égale pour tous. Ces demandes furent réunies dans la Charte pour la Liberté adoptée en 1955.

LE PASSAGE A LA LUTTE ARMEE

L'action du Gouvernement contre l'ANC et la Campagne de Désobéissance se durcit. La Loi sur la Suppression du Communisme interdit l'existence du parti Communiste d'Afrique du Sud et le contraignit à trouver refuge au sein de l'ANC sous le nom de Parti Communiste Sud-Africain. En 1958, le Congrès Pan Africain (PAC), plus virulent, se sépara de l'ANC et adopta le cri de guerre "L'Afrique aux Africains".

Les protestations contre l'Apartheid prirent de l'ampleur. Le 20 mars 1960, au cours d'une campagne "anti-pass" organisée par le PAC, la Police sud africaine ouvrit le feu sur une foule de manifestants à Sharpeville (située aujourd'hui dans le sud de la province de Gauteng), tuant 69 personnes et en blessant 186 autres. Cet événement marqua la fin de la protestation pacifique.

LA CREATION DE UMKHONTO WE SIZWE (LA LANCE DE LA NATION)

En 1960, le Gouvernement d'Afrique du Sud frappa d'interdiction l'ANC et le PAC. L'état d'urgence fut proclamé et des milliers d'activistes furent arrêtés. En 1961, l'ANC fonda sa faction armée qui prit le nom de Umkhonto we Sizwe (La Lance de la Nation) (MK). En 18 mois, le MK fut l'auteur de plus de 200 actes de sabotage. Ils avaient pour cible des installations gouvernementales et les compétence de vétérans de la Seconde Guerre Mondiale furent largement exploitées.

Le MK envoya également un certain nombre de ses membres à l'étranger pour mettre sur pied une infrastructure externe et pour faire suivre une formation approfondie à ses combattants.

LA CREATION DU POQO (PUR OU SEUL)

Poqo, signifiant "Pur ou Seul", fut fondé par la faction armée du PAC en 1961. Il devint le mouvement clandestin anti-blanc le plus combatif de cette époque. Son objectif était de renverser le gouverment sud-africain et de le remplacer par un Etat socialiste Africain.

LE GOUVERNEMENT SUD AFRICAIN CONTRE-ATTAQUE

Au début, ni le MK ni le Poqo ne pouvaient rivaliser avec l'Etat dont les actes de répression devenaient de plus en plus brutaux. En 1963, la police fit une descente dans le Quartier Général du MK à Rivonia à Johannesburg et arrêta la plupart de ses dirigeants. Au procès de Rivonia, Nelson Mandela et d'autres hauts dirigeants du MK furent reconnus coupables de fomenter une révolution violente et furent condamnés à la prison à vie.

Cependant, les structures clandestines de l'ANC et du MK étaient loin d'être anéanties. Des volontaires furent alors envoyés dans des camps d'entraînement dans le monde entier.

Soldats du MK formés par des instructeurs soviétiques

Les dirigeants du Poqo étaient moins connus des forces de sécurité. Mais, la répression de l'Etat, sa vision de la terreur de masse et sa position farouchement anti-blanc firent que le Poqo perdit de son audience. La plupart de ses membres furent arrêtés en 1963. Ces arrestations survinrent après l'interception de lettres, appelant à l'insurrection nationale, envoyées par le quartier général, situé au Lesotho, à différentes cellules dans toute l'Afrique du Sud. Le restant des membres se trouvant en dehors de l'Afrique du Sud organisèrent des programmes d'instruction militaires.

Vers 1968, environ 200 de ces volontaires étaient connus sous le nom de l'Armée de Libération du Peuple d'Azanie (APLA).

ACTIVITES DE LA FIN DES ANNEES 60 ET DES ANNEES 70

Les pays amis gouvernés par des "blancs" qui entouraient l'Afrique du Sud à cette époque fut un obstacle au retour, dans leur pays, des cadres du MK et de l'APLA qui avaient reçu une formation militaire. Plusieurs essais de retour infructueux furent tentés en 1967 et 1968.

La Conférence de l'ANC en 1969 à Morogoro en Tanzanie appelait à une lutte armée conjointement avec un mouvement politique de masse en Afrique du Sud et une campagne internationale de soutien.

L'indépendance des anciennes colonies portugaises de l'Angola et du Mozambique dans les années 70 modifia la situation en Afrique du Sud. L'indépendance du Zimbabwe suivit en 1980. La condamnation internationale de l'Apartheid s'intensifia et l'Afrique du Sud fut l'object de sanctions à tous les niveaux. Une partie du gouvernement d'Afrique du sud dirigée par le Premier Ministre B.J. Vorster était en faveur d'un compromis avec les dirigeants noirs et d'une politique de non-agression vis-à-vis des états voisins. Toutefois, une seconde faction, menée par P.W. Botha, qui devint Premier Ministre en 1978, était partisane d'une stratégie plus agressive visant à mettre un terme à la résistance et à déstabiliser d'autres pays d'Afrique australe.

Les Forces de Défense sud africaine (SADF) entreprirent, en premier lieu, de mener une guerre de faible intensité contre les gouvernements "hostiles" de la région et assistèrent la Police dans les "townships" face à l'agitation locale montante.

1976 ET L'INTENSIFICATION DE LA LUTTE ARMEE

La résistance à l'Apartheid s'intensifiait à mesure que celui-ci renforçait son contrôle sur la vie des populations. Le 16 juin 1976, les étudiants de Soweto se révoltèrent contre l'Education Bantoue et l'introduction de l'Afrikaans en tant que langue d'enseignement dans les établissements scolaires. Les soulèvements gagnèrent d'autres "townships". Des milliers d'étudiants quittèrent l'Afrique du Sud pour rejoindre les rangs du MK et de l'APLA. Jeunes et pleins d'énergie, ils donnèrent un nouvel essor à la lutte pour la libération. Au sein du MK, ils furent appelés "le Détachement du 16 juin". De nombreuses nouvelles recrues reçurent une formation militaires dans les camps nouvellement ouverts en Angola. D'autres furent également envoyés à l'étranger pour y recevoir une formation plus complète en ingénierie, espionnage et artillerie. Vers 1977, des cadres du MK, formés à des tactiques de guérilla, commençaient à rentrer secrètement en Afrique du Sud. Ils prirent rapidement part à des opérations contre l'Etat.

Prise d'armes de l'APLA au camp de Bagamoyo en Tanzanie

En mai 1978, en réaction contre l'interdiction du Mouvement pour la Conscience Noire en Afrique du Sud, l'Organisation du Peuple Azanien (AZAPO) fut fondée. En avril 1980, l'AZAPO créa sa propre faction militaire, l'Armée de Libération Nationale Azanienne (AZANLA). Toutefois, comme l'AZAPO ne fut reconnu ni par les Nations Unies (ONU), ni par l'Organisation de l'Unité Africaine (OAU), l'AZANLA ne reçut jamais le même soutien que les autres forces de libération.

OPERATIONS DAND LES ANNEES 80

En juin 1980, le complexe industriel SASOL dans l'Etat Libre d'Orange fut la cible d'un attentat à la bombe par le MK (dommages estimés à 66 millions de Rands). En 1981, les opérations du MK visèrent des installations stratégiques tandis que des manifestations anti-Jour de la République se tenaient dans tout le pays. Le 9 août 1981, le MK tira cinq projectiles à partir d'un lance-roquettes de 122mm sur la Base Militaire de Voortrekkerhoogte. En 1982, une série d'explosions secoua la centrale nucléaire de Koeberg dans la Province du Western Cape. En mai 1983, une voiture piégée explosa devant le quartier général de la Force Aérienne sud africaine à Pretoria. Un grand nombre de militaires et de civils furent tués. Cette action marqua l'abandon de l'action militaire symbolique.

La conférence de l'ANC à Kabwe en Zambie de 1985 chercha à intensifier l'action contre les installations stratégiques situées dans les zones "blanches" de l'Afrique du Sud. Les fermiers blancs faisant partie du système de commandos seront également impliqués militairement.

En 1986, l'Opération Vula fit revenir d'exil en Afrique du Sud des cadres supérieurs et moyens du MK. Cette années-là, de grandes quantités d'armes furent introduites clandestinement dans le pays. En mai 1987, une voiture piégée explosa devant le Tribunal de Johannesburg tuant quatre policiers. En 1989, une violente attaque au mortier fut lancée en direction de la station radar satellite de la Force Aérienne 3 à Klippan dans la Province du Western Transvaal (aujourd'hui Province du Nord-Ouest). Elle ne fit aucun mort mais de nombreux blessés et l'installation radar fut sérieusement endommagée.

Les insurgés de l'APLA, actifs à partir de 1986, focalisèrent leurs attaques sur les policiers et les soldats se trouvant dans les townships autour de Johannesburg. Vers 1988, les opérations de l'APLA s'étaient étendues à des villes de plus petite importance dans les zones rurales et, vers la fin des années 80, jouaient un rôle important dans la lutte armée.

Tout au long de cette décennie, le Gouvernement s'efforça de contrer les forces de libération. L'Etat d'urgence fut déclaré en 1985 et des milliers d'activistes furent arrêtés. La SADF lança également des attaques contre les bases du mouvement de libération en Angola, au Mozambique, au Botswana, au Swaziland et au Lesotho.

LEVEE DE L'INTERDICTION DE L'ANC, SUSPENSION DE LA LUTTE ARMEE ET INTEGRATION AU SEIN DE LA SNDF

En février 1990, le Gouvernement d'Afrique du Sud leva l'interdiction de l'ANC et du PAC, ce qui conduisit à un cessez-le-feu entre le MK et les Forces de Sécurité. En août 1990, le MK annonça que, pour la première fois en 29 ans, les opérations armées étaient suspendues. Le PAC choisit de poursuivre la lutte armée. Les opérations de l'APLA s'intensifièrent, incluant un grand nombre d'attaques de fermes. Parmi les autres cibles civiles se trouvaient des hôtels à Fort Beaufort et à East London dans la Province de l'Eastern Cape, un bar au Cap et l'église St James au Cap. Ces opérations armées prirent fin en janvier 1994.

En 1993, le Conseil de Coordination Militaire Commun fut créé. Il avait pour mission de réunir au sein d'un même organisme la SANDF, le MK, l'APLA et les Forces de Défense du Transkei, du Bophuthatswana, du Venda et du Ciskei.

Le 27 avril 1994, Nelson Mandela étant alors le premier Président d'une Afrique du Sud démocratique, la nouvelle Force de Défense Nationale d'Afrique du Sud (SANDF) vit le jour.